DIJON
la ville des ducs de bourgogne
Gil Giuglio
Distance parcourue
… km
Durée du périple
4 jours
Les inmanquables
Mode de déplacement
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J’ai découvert Dijon à petits pas timides et à l’occasion de nombreux déplacements en Suisse avec le TGV Lyria. Dijon est sur la ligne qui relie Paris à Lausanne, voir au-delà dans la Confédération helvétique. Je me souviens qu’une heure et quarante minutes après le départ de la Gare de Lyon, la gare de Dijon Ville était annoncée par le contrôleur dans les haut-parleurs. C’était le signe de l’éminent soulagement pour mes poumons de fumeur de l’époque. Je descendais sur le quai sans m’éloigner de la porte du wagon, l’œil d’un sioux scrutant les mains de tous les voyageurs qui auraient eu la fâcheuse idée de descendre avec mes affaires restées sans surveillance dans le wagon… Le temps de tirer trois ou quatre bouffées salvatrices.
Les huit ou neuf fois que j’ai entrepris ce voyage vers la Suisse, je m’amusais en me demandant si le Colonel Moutarde habitait à Dijon ? J’en conviens, seul moi pouvais m’amuser d’une telle pensée. Dijon devait forcément être forte. J’imaginais la ville comme une petite bourgade de province à laquelle j’associais la couleur jaune… moutarde. Cette ville était là, derrière les piliers de la gare salvatrice
Cette place est l’épicentre de la vieille ville.
Je ne sais plus trop comment m’est venue l’idée de proposer à une rédaction un reportage tourisme sur Dijon, mais elle fut acceptée. C’est ainsi qu’un beau jour je me suis éloigné du wagon avec mes affaires pour m’enfoncer au delà du quai numéro 2 et des piliers de la gare de Dijon-Ville. Quelle audace madame moutarde !
Dijon la blanche
C’est ma première impression en m’enfonçant sur le Boulevard de Sévigné jusqu’à la Place Darcy. Dijon est comme une ville immaculée par sa pierre blanche de Bourgogne.
Forcément Dijon est la capitale des Ducs de Bourgognes. Ceux qui ont menés la vie dure au Dauphin de France. J’apprends que ces bâtis sont extraits des carrières de Plombières-les-Dijon non loin d’ici.
C’est aussi sur cette place Darcy que je trouve cette pierre blanche de Bourgogne sculptée par les lignes et courbes néo-classiques de la Porte Guillaume. Un petit Arc de Triomphe qui marque la situation des remparts de l’ancienne ville au moyen-âge.
Passé la porte, je rentre dans l’Histoire de France au sens large…
Dijon Capitale
Et voici la place de la Libération, posée au cœur de la vieille ville comme un amphithéâtre dont le le Palais des Ducs de bourgogne serait le décor d’une scène encore pavé de pierres blanches et lisses.
Prendre un café sur les terrasses des bars de cette place, c’est juste très agréable. J’imagine les Ducs allié aux Anglais venus de la perfide Albion et rivaux du Dauphins de France. C’est quand même l’un de ces Ducs qui a livré Jeanne d’Arc !
Le palais fut remodelé au 17ème siècle avec toute la finesse des arts acquis à la fin de la Renaissance. Je dois absolument revenir pour monter le 316 marches qui permettent l’accès à la Vigie : le sommet de la Tour Philippe Le Bon (le type qui a capturé Jeanne d’Arc à Compiegne). D’après les brochures de l’Office de Tourisme cette tour offre un panorama spectaculaire sur la ville. Panorama qui manque cruellement à mon reportage. Snif !
Dijon c'est chouette
La chouette emblématique de la ville et qui sert de logo au balisage de plusieurs circuits intra-muros est bien là, cette fois en pierre jaunie et lissée par les millions de mains gauches qui la caresse pour autant de vœux à réaliser.
Si je touche cette chouette minérale, c’est pour faire une photo et illustrer ainsi l’histoire de ce spot. Pas de bol ! Je suis gaucher et faire une photo à mains levée avec un 24-70/2.8 monté sur un D810 c’est un peu foireux ! Cette photo a existé 3 secondes sur le moniteur du boitier avant d’être effacée.
Seul sur ce voyage, sans même un guide de pays pour m’accompagner dans la ville, je scrute les mains des gens autours de moi. Tyrannie de la jeunesse, des canons de la beauté grecque et de la finesse de l’épiderme… aucune des mains environnantes semble correspondre à ce dictât juvénile. J’abandonne l’idée de l’illustration vivante pour une photo académique (pour ne pas dire triste). La chouette sera seule dans sa niche.
Jacques, Jacquemart, Jacqueline, Jacquelinette, Jaquelin.
Je m’éloigne pour découvrir la perspective sur la façade de l’église Notre-Dame. Autre architecture de la pierre blanche de Bourgogne qui devient jaune passé 17h en été. Le résultat ne peut que plaire au photographe féru d’architecture. Le Nikkor à décentrement P-CE 24mn est très heureux de servir. Le trépied est posé à l’interception des rues Musette et Quentin.
Devant la façade de l’église Notre-Dame, la famille Jacquemard au complet maîtrise le temps et domine la ville.
Comme partout dans le monde (sauf à Hanoï au Vietnam), les piétons évitent naturellement l’obstacle du trépied en formant instinctivement un entonnoir à 3 mètres devant l’axe optique de l’appareil photo monté dessus. Cependant, il vaut mieux être prêt à bondir.
Depuis l’avènement des smartphones et des piétons transformés en autistes quand, la tête penchée et l’œil rivé sur l’écran, ils sont prêt à défoncer votre précieux cailloux et tout aussi précieux boiter. (Soit votre précieux objectif et tout aussi précieux appareil photo).
Le Jacquemart sonne toutes les heures. L’incroyable histoire de cette famille d’automates suspendus m’amuse beaucoup. Monsieur Jacquemart l’automate ramené des conquêtes dans le Royaume des Flandres est un peu plus tard aidé d’une femme Jacqueline. Ce mariage arrangé était voulu pour ne pas frapper la cloche au même endroit et ainsi la préserver d’une usure trop rapide. Au file du temps, la famille s’agrandit avec un fils : Jacquelin et après la Révolution, une petite Jacquelinette viendra sonner les quarts d’heures. Je trouve une très belle résonance à cette histoire.
Madame Moutarde
Côté food, fooding, gastronomie, le truc à découvrir à Dijon, c’est bien sûr la moutarde. Même si je suis le seul à ne pas l’avoir fait dans cette ville, mais plutôt à Beaune. Le produit n’est que protégée par l’appellation » Moutarde de Bourgogne ».
Il rester 4 grandes maison de moutardier à Dijon. Au 19 ème siècle, ils étaient encore 40 fabricants. Il n’y a plus que Maille qui aille dirait-t-on.
Dijon à petits pas
En plus des ces quelques classiques vécus, Dijon réserve de très belles surprises même le temps d’un simple balade étalée sur une après midi.
Pour les amateurs d’architecture, je pense aux grands magasins comme ceux des Galeries Lafayette rue de la Liberté. Ou encore la Poste Grangier place Grangier. L’Art-déco a aussi droit de cité dans celle ci. Le cinéma Eldorado rue Alfred de Musset en est un parfait exemple. Cherchez vous-même ! il y en a plein d’autre en ville. À vous de les trouver le nez au vent et pas dans un pot de moutarde.